Des signes de liesse à Tel Aviv et des Gazaouis en mouvement vers le nord de l’enclave pour regagner les zones d’origine, tandis que Donald Trump se rend au Proche-Orient, sont perçus comme des signaux positifs dans le cadre d’un cessez-le-feu à Gaza. Cette première étape a suscité des espoirs, mais les analyses restent prudentes sur sa portée et sa durabilité.
Invité de l’émission Tout un monde sur la RTS, le sociologue Alain Dieckhoff appelle toutefois à la prudence. Il rappelle que l’arrêt des frappes israéliennes à Gaza et la libération des derniers otages israéliens vivants constituent une étape, mais il est difficile d’en mesurer pleinement les effets à ce stade.
Une étape initiale, pas la fin du conflit
Selon Dieckhoff, l’épisode guerrier ouvert le 7 octobre 2023 devrait se conclure en principe, mais il s’agit d’une étape d’ouverture. La suite pourrait être plus positive, mais sa mise en œuvre restera complexe.
Des défis ciblés pour la démilitarisation
Parmi les défis à venir figurent la démilitarisation du Hamas et les modalités de cet engagement. Comment cela se fera-t-il et le Hamas l’acceptera-t-il ? Comment faire respecter cet accord ? À cela s’ajoute le retrait progressif de l’armée israélienne de Gaza, qui requerra des garanties de sécurité solides afin d’éviter une réédition, même à faible échelle, du 7 octobre.
Le rôle des États-Unis et de Donald Trump
La suite dépend aussi du président américain qui, jusqu’ici, a joué un rôle important dans la conclusion du cessez-le-feu. Pour que la paix progresse, il faut que Donald Trump et son administration poursuivent leur engagement. Le sociologue rappelle toutefois que ce dirigeant peut alterner entre enthousiasme initial et lassitude, comme on l’a vu sur d’autres dossiers internationaux.
Opinion publique et avenir politique
Si Trump persiste et si les étapes à venir – notamment la démilitarisation du Hamas – se concrétisent, une partie de l’opinion publique pourrait soutenir ce mouvement, car la majorité souhaite la paix. Reste à savoir si la société, aussi bien palestinienne qu’israélienne, adhérera à ce processus.
Avenir de la bande de Gaza et de la Cisjordanie
À plus long terme, tout dépendra de la reprise d’un véritable processus diplomatique. Il faudra rouvrir des négociations pour décider de l’avenir de la bande de Gaza et de la Cisjordanie et envisager si ces territoires peuvent devenir l’État de Palestine que plusieurs pays ont déjà reconnu. Cette question demeure un point d’interrogation majeur.
Reconstruction et vision politique
Alain Dieckhoff souligne la résilience de la population palestinienne. Des centaines de milliers de Gazaouis se dirigent déjà vers le nord, mais la reconstruction exigera de déblayer des millions de tonnes de gravats et nécessitera un effort financier et un engagement international fort pour recréer un tissu économique minimal.
Cette démarche ne produira ses effets que si elle est accompagnée d’une vision politique claire, afin d’éviter une rechute dans le conflit. Comme le rappelle le sociologue, on n’est pas sûr de passer à l’étape suivante, et il se peut que l’on soit simplement dans une parenthèse avant un nouvel épisode guerrier.
Propos recueillis par Julie Rausis. Texte pour le web: Fabien Grenon.