Hommages musicaux simulés par l’IA : Charlie Kirk, Adele et Ed Sheeran au centre d’un débat sur les droits d’auteur

Des hommages musicaux générés par l’IA et les enjeux éthiques

«Merci, Adele, c’est une chanson magnifique», peut-on lire parmi les centaines de commentaires élogieux sous une vidéo YouTube rendant hommage au militant conservateur assassiné Charlie Kirk. Or, cette chanson a été générée par intelligence artificielle (IA) et n’a rien à voir avec la star britannique.

L’IA peut désormais composer des titres à partir de simples invites textuelles, en simulant les voix d’artistes célèbres, souvent sans leur consentement. Des hommages similaires, attribués à des figures telles qu’Ed Sheeran et Justin Bieber, ont été publiés sur YouTube et ont accumulé des millions de vues et des thousands de commentaires.

Des voix qui ne ressemblent pas toujours aux originaux

Dans de nombreux cas, les voix générées ne ressemblent que peu à celles des artistes réels, mais de nombreux internautes continuent de croire et de s’intéresser à ces contenus trompeurs générés par l’IA, rendus possibles par des outils peu coûteux et largement accessibles.

Réactions et analyses critiques

«Contenus médiocres créés par des escrocs», résume l’un des points de vue recueillis en interview. «Je crains que ce qui rendait Internet si cool au départ, à savoir des personnes vraiment créatives qui partageaient des choses par plaisir, ait disparu. Cela a été remplacé par des contenus médiocres créés par des escrocs qui cherchent à gagner de l’argent», a déclaré à l’AFP Alex Mahadevan, de l’institut Poynter.

«Nous sommes en train de devenir des consommateurs passifs de ”contenus” et non plus des citoyens numériques actifs et conscients», a-t-il ajouté.

Transparence YouTube et limites actuelles

La politique de YouTube exige que les créateurs indiquent l’usage de l’IA. Toutefois, cette mention n’apparaît généralement pas de manière visible et se retrouve souvent dissimulée dans la description de la vidéo, rendant l’information peu perceptible pour les spectateurs.

Un exemple notable est The Velvet Sundown, un groupe généré par IA qui a sorti des albums et atteint plus de 200 000 auditeurs sur un compte Spotify vérifié. Sur les réseaux sociaux, le groupe se décrit comme «ni tout à fait humain, ni tout à fait machine».

Questions de propriété intellectuelle et cadre légal

Cette tendance suscite des interrogations sur la protection des ressemblances vocales et visuelles, qui pourraient relever du droit d’auteur dans certaines circonstances. «Je pense absolument que la ressemblance d’une personne doit être protégée contre la reproduction dans les outils d’IA. Cela vaut également pour les personnes décédées», a déclaré à l’AFP Alex Mahadevan.

Lucas Hansen, cofondateur de CivAI, estime peu probable une interdiction totale, mais évoque des restrictions possibles dans le domaine commercial. «Il pourrait également y avoir des restrictions sur la distribution, mais les lois existantes sont beaucoup moins strictes envers les contenus non monétisés», a-t-il ajouté à l’AFP.

Voies juridiques et actions des majors

En juin, la Recording Industry Association of America a indiqué que les grandes maisons de disques avaient poursuivi deux générateurs de musique, dont Suno, pour violation présumée du droit d’auteur.

Réactions des artistes et appel à la vigilance

L’an dernier, plus de 200 artistes, dont Katy Perry et Nicki Minaj, ont signé une lettre ouverte adressée aux développeurs d’IA et aux plateformes technologiques. Ils y affirment que les outils d’entraînement sur des chansons existantes «dévalorisent notre travail et nous empêchent d’être rémunérés équitablement» et que «nous devons nous protéger contre l’utilisation abusive de l’IA, qui vole la voix et l’image des artistes professionnels, viole les droits des créateurs et détruit l’écosystème musical».