Une opération israélienne ciblée à Doha suscite la controverse
Le mardi, Israël aurait mené une opération militaire contre des figures du Hamas à Doha, la capitale du Qatar, selon des sources militaires israéliennes. Tsahal évoque une frappe précise visant des hauts responsables du mouvement islamiste. Actualité diplomatique oblige, le ministère qatari des Affaires étrangères a réagi en condamnant fermement cette « lâche attaque israélienne » contre des résidences privées de responsables du Hamas, situées à Doha. Ces événements risquent de compliquer davantage les efforts de médiation du Qatar en faveur d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Le rôle historique du Qatar dans le conflit et la surprise de l’attaque
Position du Qatar dans la crise et cette opération inhabituelle
Jusqu’à présent, le Qatar a adopté une posture de médiateur dans le conflit israélo-palestinien, jouant un rôle essentiellement constructif. La présence de dirigeants du Hamas dans le pays n’est pas forcément signe d’un alignement étroit. Elle répond notamment à une volonté des États-Unis d’accroître leur influence dans la région. La récente attaque israélienne pourrait donc nuire à cette stratégie diplomatique, tout en exacerbant la crise en interrompant des négociations américaines encore en cours pour un éventuel cessez-le-feu, soutenu jusque-là par le ministre israélien des Affaires étrangères.
« Netanyahu a clairement indiqué que la priorité n’est pas les otages, mais l’anéantissement du Hamas. »
Une opération inédite à Doha, mais pas totalement surprenante
Ce qui rend cette attaque particulièrement notable, c’est qu’il s’agit de la première opération de ce type à Doha. Jusqu’à présent, les cibles concernées par des violences similaires se situaient en Syrie ou en Iran, rarement dans un pays avec lequel Israël entretient de bonnes relations diplomatiques. La cible potentielle, Khalil al-Hayya, aurait été désignée depuis mai dernier par le gouvernement israélien, notamment par le ministre de la Défense Katz. La surveillance accrue sur ces responsables pourrait faire partie d’une stratégie de ciblage à long terme.
Implications pour la stratégie et la perception de Netanyahu
L’opération met en lumière la doctrine du Premier ministre israélien, qui semble privilégier la voie militaire au détriment de négociations ou de libérations d’otages. Depuis plusieurs mois, son objectif semble orienté vers une élimination totale du Hamas plutôt que vers la libération de civils retenus en otages, ces derniers ayant été en grande partie relâchés grâce à des négociations orchestrées par le Qatar.
Certains analystes évoquent aussi la possibilité que cette attaque serve à détourner l’attention de la procédure judiciaire en cours contre Netanyahu, prévu le mardi. Le contexte politique intérieur pourrait expliquer cette volonté de montrer une posture ferme face à la menace palestinienne.
Réactions régionales et internationales face à l’incident
Condamnations et tensions diplomatiques
Le Qatar a rapidement réagi en dénonçant une atteinte à sa souveraineté, qualifiant l’attaque d’illégale et contraire au droit international. Contrairement à d’autres incidents ciblant la Syrie ou l’Iran, cette opération pourrait entraîner des répercussions diplomatiques plus importantes, notamment en fragilisant la confiance dans la stabilité régionale. Plusieurs États de la région entretiennent des rapports ambivalents avec Israël, et les récents rapprochements suite aux accords d’Abraham pourraient être remis en question.
Perspectives d’évolution et risques d’escalade
Une réponse militaire du Qatar est peu probable, le pays préférant probablement éviter de prendre ouvertement parti pour le Hamas. Toutefois, cette attaque a porté un coup à l’image de Doha en tant que pays sûr, en particulier si des zones résidentielles ont été touchées. Des tensions diplomatiques sont attendues, sans qu’une intervention militaire ne semble à l’ordre du jour.
État des intentions et répercussions potentielles
Selon l’islamologue Reinhard Schulze, cette opération pourrait entraîner une suspension temporaire du rôle de médiateur du Qatar, qui doit équilibrer ses intérêts entre Israël, le Hamas et la communauté internationale. La nécessité pour le Hamas de déposer les armes et de libérer les otages est une exigence depuis longtemps exprimée par le Qatar, et cette crise pourrait rallumer les tensions déjà présentes.
Après l’attaque à Jérusalem, Netanyahu a affirmé que l’État israélien comptait agir davantage contre toutes les structures du Hamas en dehors de la bande de Gaza. La possibilité que des groupes comme les Houthis tentent d’attaquer Israël avec des roquettes ou des drones n’est pas exclue, bien que ces scénarios restent difficiles à prévoir à ce stade. Par ailleurs, la rupture des négociations concernant la libération des otages pourrait accentuer l’instabilité dans la région.