Chirurgiens suisses dénoncent la réforme de la rémunération des soins

Contexte et inquiétudes des chirurgiens

Selon la Fédération des chirurgiens suisses FMCH, les nouveaux forfaits prévus pour les actes opératoires pourraient mal refléter leur durée et leur complexité. Ainsi une appendicectomie, réalisée en environ 25 minutes, serait tarifée au même niveau qu’une intervention plus lourde comme l’ablation d’une tumeur au rectum, soit l’équivalent de deux heures de travail. En clair, certaines prestations pourraient être surévaluées par rapport à d’autres plus exigeantes, ou sous-évaluées.

D’après la FMCH, ces forfaits pourraient amener certains praticiens du secteur privé à limiter certains actes faute de rémunération suffisante pour assurer leur activité et faire tourner leur cabinet.

Risque pour l’ensemble du système

Dans La Matinale, Marc-Olivier Sauvain, chef du département de chirurgie du Réseau hospitalier neuchâtelois et membre de la Fédération suisse des chirurgiens, avertit d’un risque pour le système sanitaire si les forfaits ne couvrent pas les coûts des interventions nécessaires. Il rappelle que des spécialistes privés contribuent largement au soutien des hôpitaux et que leur présence est utile, notamment face à la congestion des services d’urgence.

Selon lui, si les forfaits ne couvrent pas les coûts inhérents à certaines interventions, ces praticiens pourraient ne plus les pratiquer, ce qui déplacerait les flux de patients vers les hôpitaux publics et pourrait entraîner une hausse générale des coûts et des délais de prise en charge. La crainte évoquée porte sur la sécurité et la qualité des soins.

Réactions et précisions

Baptiste Hurni, conseiller aux États du Parti socialiste et vice-président de l’organisation suisse des patients, rejette l’idée que la sécurité des patients soit compromise par ces règles. Il estime qu’un chirurgien qui soignerait moins bien parce qu’un forfait serait insuffisant irait à l’encontre du serment d’Hippocrate et serait condamnable; il précise toutefois que ces forfaits ont été négociés et acceptés par la Fédération des médecins suisses et les chirurgiens concernés. Ils souhaiteraient aujourd’hui réévaluer les règles du jeu, constatant des pertes potentielles selon les cas, ce qui reflète, selon lui, la nature même du système forfaitaire.