Plusieurs États membres de l’Union européenne demandent à Bruxelles de rechercher des solutions diplomatiques et pratiques permettant de renvoyer en Afghanistan des personnes dont la demande d’asile a été refusée ou qui ont été condamnées par la justice en Europe. Le dossier est délicat car l’UE ne reconnaît pas officiellement les autorités talibanes au pouvoir.
Dans une lettre commune coordonnée par la Belgique, vingt États membres indiquent qu’il leur est impossible de renvoyer des Afghans en situation irrégulière ou condamnés, même après une condamnation.
Contacts exploratoires avec les autorités de facto en Afghanistan
La Commission européenne a indiqué avoir engagé plus tôt dans l’année des contacts exploratoires au niveau technique avec les autorités de facto en Afghanistan, en place depuis 2021. Le porte-parole Markus Lammert a ajouté que l’UE reste en contact étroit avec les États membres sur ce dossier.
Outre la Belgique, l’Allemagne et l’Autriche jouent un rôle important sur ce sujet. L’Allemagne a déjà procédé à deux expulsions groupées d’Afghans condamnés par la justice allemande, via des vols charter organisés par le Qatar.
Plusieurs capitales réclament désormais des avancées concrètes pilotées par Bruxelles. Le ministre suédois de l’Immigration, Johan Forssell, a évoqué la possibilité de mutualiser des ressources et d’organiser des vols communs vers l’Afghanistan, ajoutant que toute solution devait être coordonnée.
La Suisse face à des défis similaires
En Suisse, l’expulsion d’Afghans condamnés est plus complexe que prévu. Depuis octobre 2024, le Secrétariat d’État aux migrations a renvoyé cinq délinquants afghans, mais aucun sous la nouvelle pratique autorisant les renvois d’hommes célibataires dont la demande d’asile a été rejetée.
Selon des informations médiatiques, un autre renvoi a échoué après que les autorités afghanes ont refusé l’entrée à Kaboul; l’individu concerné a été renvoyé en Suisse.
Le SEM a confirmé ces cinq renvois, tout en ne communiquant pas sur le lieu d’entrée refusée à Kaboul, invoquant la protection de la personnalité et des données personnelles. Depuis le mois d’avril, une pratique permettant les expulsions d’hommes célibataires dont le statut est en instance est en vigueur, mais aucun renvoi sous ce cadre n’a été enregistré à ce jour.
