Yayoi Kusama à la Fondation Beyeler : l’infini dévoilé dans une rétrospective immersive

Rétrospective Yayoi Kusama à la Fondation Beyeler : l’infini en immersion

La rétrospective consacrée à Yayoi Kusama, conçue par la commissaire Mouna Mekouar, se présente comme un véritable portrait de l’artiste, retraçant sept décennies de création et d’expérimentations.

Selon la commissaire, l’exposition privilégie une progression thématique et chronologique, invitant le public à découvrir l’évolution d’une artiste qui a su mêler courage, visions et rencontres artistiques pour forger un langage propre.

Un itinéraire chronologique qui commence dans les années 1930

Le parcours débute à Matsumoto, ville natale de Kusama, où, enfant de dix ans, elle dessinait déjà le portrait de sa mère orné de petits points. La commissaire rappelle que ce motif, déjà présent dans l’enfance, deviendra la signature visuelle de l’artiste.

Des toiles aux installations immersives, les pois et les filets continuent d’occuper le cœur de son œuvre.

L’infini à portée du regard

Ces motifs répétitifs incarnent l’infini, la perte des repères et la fusion entre le moi et le monde. Dans les Infinity Mirror Rooms, créées dès les années 1960 à New York, le spectateur est démultiplé à l’infini, enveloppé par la lumière et la matière. Kusama décrit ce dispositif comme un espace vivant, à la fois troublant et méditatif.

Les citrouilles: symbole réconfortant et signature graphique

Les citrouilles accompagnent Kusama depuis son enfance et restent l’un de ses motifs les plus connus. Pour elle, la citrouille est un élément botanique rassurant, un corps stable reliant la terre au cosmos. L’exposition présente plusieurs exemplaires, dont une sculpture monumentale de plus de trois mètres de diamètre. Kusama décline ce motif sur divers supports — papier mâché, résine, peinture à l’huile et acrylique — pour en faire un signe d’ancrage et de paix.

Ce motif a aussi inspiré le monde de la mode: en 2023, Louis Vuitton a confié à Kusama la création d’un sac en forme de courge et la marque a installé une sculpture géante de l’artiste sur son bâtiment des Champs-Elysées à Paris la même année.

Engagement et liberté artistique

Réalisée en collaboration avec le Musée Ludwig de Cologne et le Stedelijk Museum d’Amsterdam, cette rétrospective met aussi en lumière l’engagement profond de Kusama. Selon Mekouar, Kusama figure parmi les artistes les plus innovants des XXe et XXIe siècles. À New York, elle a côtoyé des figures comme Andy Warhol, Donald Judd et d’autres du pop art et du minimalisme, tout en milité pour la paix, la liberté d’expression et la libération des corps.

Ses happenings des années 1960, ses performances contre la guerre du Vietnam et ses mariages symboliques pour les droits des homosexuels témoignent d’un esprit libre, audacieux et résolument pacifiste.

Aujourd’hui, les œuvres de Kusama se négocient à des prix élevés et sa silhouette — cheveux rouges et coupe au bol — est devenue aussi reconnaissable que ses créations. À 96 ans, elle continue de peindre chaque jour dans son atelier-hôpital de Tokyo, poursuivant son exploration de l’infini.

La rétrospective « Yayoi Kusama » est à découvrir à la Fondation Beyeler jusqu’au 25 janvier 2026.