Palantir : analyses de données avancées, marchés publics et controverses géopolitiques

Palantir, une ascension marquante dans l’analyse de données

Fondée en 2003, Palantir Technologies est présentée comme l’une des valeurs les plus performantes du S&P 500 en 2024 et, au premier semestre 2025, selon certaines mesures du marché.

Cette progression tient à la capacité de ses logiciels d’analyse de données à traiter des volumes importants d’informations sensibles et complexes, allant des images satellites aux relevés bancaires en passant par des données de capteurs industriels.

Selon Steven Meyer, directeur et cofondateur de Zendata, les logiciels de Palantir fonctionnent comme une salle de commandement qui agrège des informations issues de sources multiples pour produire des analyses claires aidant les décideurs à prendre des décisions.

Des clients prestigieux mais controversés

Parmi les clients figurent des gouvernements, leurs armées et leurs agences de renseignement, ainsi que des entreprises privées comme Airbus, Stellantis ou Ferrari. Le principal client demeure toutefois le secteur public américain: l’armée a signé en août un accord-cadre pouvant atteindre 10 milliards de dollars sur dix ans.

L’entreprise fournit également ses outils à l’armée ukrainienne dans le cadre du conflit en cours, son logiciel analysant diverses données pour, par exemple, identifier la position d’un tireur russe.

L’implication dans le domaine militaire suscite des inquiétudes: Palantir est notamment critiquée pour son partenariat avec l’armée israélienne, accusée de soutenir « l’effort de guerre sur les territoires occupés », selon Valentin Goujon, sociologue et doctorant.

Des outils puissants et des questionnements éthiques

Le principal outil de Palantir, Gotham, permet d’agréger des données, de cartographier des zones et même de suivre des individus. Il aurait notamment été utilisé pour localiser Oussama Ben Laden en 2011 et il est employé par divers services de police américains et européens.

Les algorithmes de Palantir se trouvent renforcés par l’intelligence artificielle: ces outils peuvent aller du traitement de dossiers judiciaires à la vidéosurveillance et à la géolocalisation pour en déduire des renseignements, selon Valentin Goujon.

Son usage par la police chargée des expulsions des migrants aux États-Unis a suscité des critiques, avec des démissions d’employés ayant signé une lettre dénonçant leur désaccord, et Amnesty International avertissant d’un « risque élevé de violations des droits humains ».

Controverses et enjeux internationaux

Une enquête du New York Times publiée en mai 2025 suggère que Donald Trump aurait utilisé les outils de Palantir pour constituer une vaste base de données sur la population américaine, alimentant des craintes de surveillance de masse. Palantir a formellement démenti ces allégations.

Plusieurs pays européens utilisent déjà les logiciels Palantir pour leurs forces de police ou leurs douanes, notamment le Danemark, la Norvège et la Hongrie. En Allemagne, l’usage par certaines polices de Länder est au cœur d’un débat sur la souveraineté et la dépendance envers une entreprise controversée proche du pouvoir américain.

Palantir, dont le siège européen est situé dans le canton de Schwyz, n’a pas répondu aux sollicitations de RTS.

Rédigé par Cédric Guigon