Une procédure judiciaire visant des militants liés au mouvement Ultime Liberté
Le procès concerne des membres de l’association clandestine Ultime Liberté, qui aurait aidé des dizaines de personnes à se procurer du pentobarbital, un barbiturique utilisé dans des contextes d’euthanasie ou de suicides assistés. Ces individus, âgés de 74 à 89 ans, sont poursuivis pour leur implication dans une activité de trafic de substances illicites entre août 2018 et novembre 2020, en violation de la législation en vigueur.
Les figures publiques appelées à témoigner lors du procès
Lors de l’audience, la présence du philosophe André Comte-Sponville, de l’ex-député Jean-Louis Touraine et de la praticienne Véronique Fournier est attendue. Ces personnalités évoqueront les enjeux liés à la fin de vie. La clôture du procès est prévue pour le 9 octobre, selon les informations disponibles.
Un combat sur la question du droit au « suicide serein »
Ce procès met en lumière la mouvance Ultime Liberté, qui va au-delà de la simple revendication d’une aide à mourir pour les patients en fin de vie. Fondée sur une logique de liberté individuelle, l’association défend le droit à un suicide « serein » dans l’indépendance de la personne, qu’elle soit malade ou non, à condition que la décision soit mûrement réfléchie et que le sujet soit en pleine possession de ses moyens.
Une vision libertaire du droit à mourir
Selon Claude Hury, présidente d’Ultime Liberté et figure centrale du procès, « le suicide est dépénalisé depuis la Révolution française, mais de nombreuses lois restreignent cette liberté ». Elle précise que l’objectif de l’association n’est pas de faire mourir, mais de permettre une fin de vie choisie, en disposant, par exemple, d’une pilule pour arrêter sa vie au moment souhaité, sans attendre une intervention médicale. La revendication poursuit une volonté d’émancipation face à la médicalisation de la mort.
Une affaire révélant une organisation clandestine et controversée
Le dossier a débuté à l’été 2019, suite à un signalement américain concernant une filière mexicaine de vente illégale de barbituriques, notamment du pentobarbital. Ce produit, destiné à la médecine vétérinaire en France, est employé pour l’euthanasie animale et, dans certains pays, pour l’aide au suicide, notamment en Belgique et en Suisse.
Selon les investigations, le pentobarbital était expédié dans des flacons sous étiquette « Natural Cosmetics » et présenté sous forme liquide. La justice française a procédé à une centaine de perquisitions en octobre 2019, après avoir découvert une liste d’acheteurs, dont une majorité étaient des personnes âgées ou atteintes de maladies graves, souvent issues du milieu intellectuel. Certaines de ces personnes sont décédées, et d’autres liens avec des suicides ont été évoqués.
Le rôle des membres dans l’accompagnement au suicide
Les enquêteurs ont mis en évidence une facette plus clandestine de l’association, à travers des « accompagnements » illégaux. Certains membres renseignaient des individus sur la façon de se procurer du pentobarbital en ligne, parfois en leur apportant une assistance dans leur démarche. Bien que ces actes soient contestés, la juge d’instruction souligne que l’association déclarait simplement « accompagner » la décision de mourir, sans en faire la promotion ni encourager le suicide.
Ce procès soulève le débat sur les limites légales et éthiques de la liberté individuelle face à des produits potentiellement mortels, dans un contexte où la législation sur le suicide, dépénalisée en France depuis la Révolution, demeure complexe et sujette à interprétation.